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Le Corridor de l'art

Actualités de l'art contemporain, critique d'exposition, focus sur des artistes, par Pauline Lisowski

Seconde Nature : une exposition qui reflète l’esprit d’un lieu et son paysage

Au cœur du site de la forêt gaumaise, à la croisée des chemins transfrontaliers de trois pays – la France, le Grand-Duché de Luxembourg et la Belgique, le Centre d’Art Contemporain du Luxembourg belge est un de ces lieux paisibles pour prendre le temps d’une promenade à la rencontre de l’art. Niché au cœur d’un environnement naturel, un écrin paysager riche en biodiversité, la création artistique s’y inscrit de façon subtile, en adéquation avec l’esprit qui y règne.

Cet été, l’exposition « Seconde nature » invite à découvrir comment les artistes utilisent les éléments naturels, les mettent en scène, les transforment, avec une attention à toutes les qualités qu’ils contiennent. Leurs œuvres révèlent la nature du lieu et les traces qui témoignent de son histoire.

Le site des ruines gallo-romaines accueille des œuvres qui vivent encore avec le temps. Cet été, Samuel D’ippolito propose Lenaka, une sculpture composée de branches torses et mortes récupérées dans les bois avoisinants. Cette œuvre, construction tortueuse donne envie aux visiteurs de tourner autour, de regarder toutes les facettes qu’elle contient. Ce grand vortex, avec ses multiples ouvertures, interroge le rapport que l’homme entretient avec la nature. Par son œuvre, il invite à porter son regard vers les alentours.

L’espace René Greisch composé de l’agencement de quatre containers d’une longueur de 12 mètres chacun offrant une ouverture vers l’environnement naturel du site de Montauban-Buzenol, accueille les œuvres des artistes François Génot, Claudie Hunzinger et Benoît Félix.

Sur le plancher du premier étage des containers, un tapis d’herbes vertes attire le regard. Mais en se penchant, le visiteur découvre qu’il s’agit d’un grand dessin. De même, de loin, Image grimpante (une image gagnée par les propriétés du lierre dont elle est l’image), laisse croire à un assemblage de végétaux. Benoît Félix cherche à tromper le spectateur. Ses œuvres jouent sur l’illusion d’une nature qu’on apprécie contempler. Dessins dans l’espace, elles suggèrent la relation entre l’élément représenté et son image : Le papier et le végétal comme matières se répondent.

De grandes bandes étroites de couleurs ponctuent les murs blancs et incitent à parcourir l'espace du regard. Lorsqu’on s’approche, on découvre la beauté d’une matière végétale, celle des feuillets de liber de tilleul. Claudie Hunzinger a pris soin de travailler cette fibre qui à la fois sépare et unit, à l’intérieur de tout arbre, son écorce à sa chair. A l’aide de la couleur naturelle, elle en dévoile une nouvelle couche. Ses herbes, telles des lignes dans l’espace, révèlent le volume de l’architecture, tout en créant un rythme.

La salle du 2e étage accueille un ensemble d’œuvres de François Génot. Une table présente le travail délicat d’un tri minutieux : l’artiste a récolté les allures, ces membranes qui chaque hiver prennent leur envol, avec à leur bord le fruit femelle du Bouleau. Ces petits éléments aux allures d’oiseaux, pris dans leur élan, composent un paysage sur la feuille de papier naturelle. François Génot invite à porter son attention sur les mouvements délicats que produit la nature.

Jean-Georges Massart travaille les matériaux naturels, parfois dès plus fragiles, pour mettre en évidence leur qualité, leurs caractéristiques, leur fragilité et leur force. En les manipulant, il en fait naître des figures géométriques qui viennent dessiner de nouvelles formes dans l’espace.

Thomas Loyatho développe une démarche centrée sur la patience, la lenteur et le besoin d’un rapport plus intime au monde. Méticuleux, il a pris soin de tresser trois longs brins d’herbe de Canche, à la lenteur de 70 cm à l’heure. Son œuvre, installée à l’étage du bureau des forges, invite le spectateur à contempler ces fils déroulés. Cette œuvre est une ode au temps, à celui de la nature, au cycle des saisons mais aussi au temps de la journée.

Philippe Luyten a investi le musée lapidaire avec une série de pièces en plexiglas lumineux et colorés. Ces créations soulignent de façon subtile et discrète les arêtes, les angles, les vitres et les pierres du bâtiment.

Les œuvres de cette exposition jouent avec les différents espaces du centre d'art, en mettant en lumière leur spécificité et renvoient au paysage environnant. Pour prolonger la visite, des créations, intégrées au bâtiment et d’autres installées en dialogue avec le cadre naturel sont à découvrir. Parcourir ce centre d’art inspire à la contemplation, à la découverte d’un patrimoine et sollicite l’envie d’aiguiser sa curiosité pour pénétrer dans des endroits cachés.

« Seconde Nature », une exposition à découvrir absolument jusqu’au 26 août.

 

« Les allures » (détail), papier artisanal de lin-coton-chanvre et membranes du fruit femelle du bouleau, de François Génot

« Les allures » (détail), papier artisanal de lin-coton-chanvre et membranes du fruit femelle du bouleau, de François Génot

« Lenaka », 2018, bois mort, résine, terre de Samuel D’Ippolito

« Lenaka », 2018, bois mort, résine, terre de Samuel D’Ippolito

Feuillets de liber de tilleul, huile et pigments, 2017/18 de Claudie Hunzinger

Feuillets de liber de tilleul, huile et pigments, 2017/18 de Claudie Hunzinger

« Image grimpante (une image gagnée par les propriétés du lierre dont elle est l’image) », 2013, Photographie découpée, épinglée en avant du mur, 92 x 136 cm de Benoît Félix

« Image grimpante (une image gagnée par les propriétés du lierre dont elle est l’image) », 2013, Photographie découpée, épinglée en avant du mur, 92 x 136 cm de Benoît Félix

sculpture de Jean-Georges Massart

sculpture de Jean-Georges Massart

oeuvre de Thomas Loyatho

oeuvre de Thomas Loyatho

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